Traumapsy
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Faire reconnaître le traumatisme psychique, aider les personnes qui en sont victimes et former les professionnels de santé à sa compréhension et à sa prise en charge. Association à but non lucratif, sans appartenance philosophique, politique ou religieuse.

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Sans Gluten et SPT

Maladie Coeliaque, Hypersensibilité au gluten non coeliaque et SPT

Les liberticides. Modes et Maladies.


Lors d’une soirée, alors que j’allais saluer un couple inconnu, et que je m’approchais d’eux avec mon assiette de produits sans gluten, l’homme a commencé devant moi un échange verbal avec sa compagne des plus moqueurs critiques et humiliants sur ce qu’il pensait de tous ces produits sans gluten dans les magasins et de cette mode futile. Sa compagne ponctuant ses remarques blessantes de « oui toi tu es médecin et tu sais de quoi tu parles, tu t’intéresses à la nutrition ». Je leur ai dit que j’étais malade, que je n’avais pas d’autre choix. Ce qui ne l’a pas calmé d’un poil.

J’ai tenté un biais pour faire passer mon message en leur disant que j’étais la présidente de TRAUMA PSY et que la situation actuelle envers le sans gluten reflétait beaucoup celle qui existait début des années 2000 à la création de Trauma Psy : le stress post-traumatique (SPT) était inconnu hormis d’un très petit nombre de psychiatres français et de l’immense majorité des professionnels de santé qui comprenaient traumatisme cranien voire jambes cassées. On ne parle pas des institutions, des médias et du grand public. La mission de Trauma Psy a été de faire savoir, l’enjeu médical, social et économique de la reconnaissance du traumatisme psychique par tous les acteurs de la société, de favoriser l’information et la formation des professionnels de santé pour dépister et soigner efficacement. Notre site www.traumapsy.org et nos actions ont permis qu’à ce jour le SPT est reconnu tant par les personnels de santé, les pouvoirs publics, que la société elle-même.

J’ai été surprise par le trouble instantané de la compagne de ce « docteur-sachant », elle m’a avoué avoir vécu un évènement traumatisant l’an passé et m’a demandé de poursuivre car ce que j’avais à dire sur le gluten pouvait être intéressant.

La maladie coeliaque ou intolérance au gluten (1 % de la population) et sa variante, l’hypersensibilité au gluten (6 / 7 % et en augmentation constante) sont comme le SPT : invisibles à l’œil nu, leurs symptômes sont parfois éloignés de la source des troubles, et leurs conséquences peuvent être dramatiques. Elles sont également sous-diagnostiquées comme le stress post traumatique (SPT).

Les symptômes du SPT sont des cauchemars, des reviviscences, mais également des troubles anxieux, paniques en certaines occasions, des phobies sociales, des addictions à l’alcool, ou aux drogues, des troubles cognitifs de mémoire, de prise de décision… des troubles somatiques : eczéma, ulcères gastriques, hypertension artérielle, diabète, trouble hormonal thyroïdien, douleurs diffuses et surtout un risque suicidaire. Quand le SPT est installé depuis longtemps, il est difficile à diagnostiquer et plus long à traiter. Ses coûts médicaux et sociétaux sont importants.

Le gluten se trouve dans les « BOAS » : blé orge, avoine, seigle. L’allergie au blé est plutôt rare sans rapport avec la maladie coeliaque, et ses effets sont immédiats.

Les troubles les plus flagrants de la maladie coeliaque ou intolérance au gluten ne sont pas intestinaux. Seuls 20% des malades souffrent de diarrhée, douleurs abdominales, amaigrissements, le reste soit 80% d’anémie, aphtes récidivants, humeur dépressive, migraine, épilepsie, douleurs articulaires, fibromyalgie, fatigue, ostéoporose, stérilité, aménorrhée, fausses couches, cardiomyopathie etc... Il n’est pas rare également de voir en sus diabète de type 1 et hyperthyroïdie s’y associer. Le régime sans gluten suffit à stopper la plupart des symptômes mais parfois la maladie s’emballe et met en danger la vie des personnes.

L’hypersensibilité au gluten non coeliaque est mal connue, et commence à faire l’objet d’études de recherche médicale. Elle est peut-être une forme latente de la maladie coeliaque (certains patients la développant ultérieurement) et elle est plus répandue : 6% de la population et semble en constante augmentation selon certaines études. Ses symptômes sont ballonnements, douleurs abdominales, diarrhées, et constipation en alternance, troubles de l’humeur, fatigue, troubles osseux, eczéma, et migraines qui disparaissent avec l’arrêt de gluten et réapparaissent en cas de reprise. Les FODMAPs (sucres à fermentation lente faiblement absorbés) et le microbiote joueraient peut-être un rôle important dans le déclenchement des troubles. Une infection intestinale pourrait être à l’origine de la modification de la perméabilité de la barrière intestinale. Un évènement traumatisant le pourrait-il également ? Certains professionnels de santé des deux spécialités l’évoquent mais sans certitude.

Ce sont souvent les personnes hypersensibles au gluten qui souffrent le plus des « anti- sans gluten » car elles ne présentent pas d’atrophie des villosités dans l’intestin ni de présence d’anticorps anti-Ttg : elles sont mal connues et surtout mal reconnues.

L’emballement médiatique autour du gluten n’est pas surprenant. Il y a des enjeux sociétaux et économiques importants : 7 % de la population, ce n’est pas rien. Mais pourquoi une augmentation constante des personnes intolérantes ou hypersensibles ?
Auparavant le gluten n’était consommé que dans des préparations à base de blé, d’orge, de seigle et d’avoine contaminée par ces trois céréales qui en contenaient naturellement peu : les pains, les pâtisseries, les pâtes, les sauces blanches et la bière.

Le blé à l’origine était diploïde et contenait peu de protéines. Modifié génétiquement au fil des décennies, il est devenu hexaploïde, plus résistant et contenant bien plus de gluten. L’industrie agrochimique peut en extraire et vendre plus.

Et il est devenu un additif. L’industrie agroalimentaire se réjouit : La farine beaucoup plus riche en gluten se travaille plus rapidement et pour que ça aille encore plus vite, on rajoute parfois dans le pâton 2 à 3 % de gluten pur. Le gluten et son sucre l’amidon de blé, bon marché sont bons à tout faire, surtout pour diminuer les ingrédients nobles. On les retrouve absolument partout, par exemple dans la crème fraiche allégée, la mayonnaise, dans les conserves de légumes, la charcuterie, les frites, les glaces, les médicaments etc etc….Impossible de faire une liste.

L’apport de cet additif serait-il essentiel à notre nutrition ? Non, du tout. Les personnes qui n’en mangent pas ne souffrent pas de carence. Il n’apporte rien à l’organisme. Le danger est de ne pas avoir une alimentation équilibrée faute de temps et de courage. Rien n’interdit de manger d’autres céréales en faisant attention aux diverses appellations du blé : épeautre etc…

Les lobbies céréaliers, agrochimiques et agroalimentaires s’inquiètent de la hausse constante de personnes dans l’incapacité d’ingurgiter les aliments « glutenisés ». Combinée aux scandales de vache folle, viande de cheval au lieu de bœuf, poulet à la dioxyne et dernièrement œufs au Fipronil, cette baisse de la demande leur pose des problèmes à la fois de coût, et d’image de marque : le sans gluten devenant en plus une sorte de gage de qualité, contre la malbouffe.

Les entreprises industrielles de boulangerie pâtisserie, de plats préparés ou de charcuterie qui vendent des produits de toute sorte à la grande distribution, aux restaurants, aux traiteurs et aux bouchers, aux cantines scolaires et d’entreprises se voient réclamer du sans gluten. D’autres entreprises aussi sont « ennuyées » : Les clients des compagnies aériennes qui proposent un plateau repas « allergie » fourre-tout (sans gluten, sans lactose, sans œufs, sans fruits à coques, casher, hallal etc…) réclament car il est sans commune qualité, appétence, valeur marchande avec celui de votre voisin, surtout si vous voyagez en classe affaires. Sans parler de cette « fâcheuse » directive européenne qui oblige à donner la liste des allergènes et qui est en général contournée et inutilisable : « Nos produits peuvent contenir, du gluten, du lactose, des œufs, etc… » sans autre détail, ce qui fait que nous ne pouvons les consommer. En général parce que personne ne sait où se « cache ce fichu gluten ».

On peut se demander si l’industrie pharmaceutique, grande utilisatrice d’amidon de blé dans les médicaments qui sont parfois mal supportés pour cette raison (quoiqu’en dise l’agence du médicament) s’inquiète de la demande récurrente dans les pharmacies de médicament sans gluten ou de la baisse de consommation des antidouleurs et autres soins qui deviennent inutiles : diarrhées, constipation , migraines, douleurs abdominales, musculaires, articulaires, troubles cutanés, de l’humeur… ayant disparu avec l’arrêt du gluten.

Sur la pseudo « mode du sans gluten » décriée à torts et à travers par certains bateleurs qui savent tout sur tout :

Est-ce que l’on critique une personne valide qui utilise un ascenseur parce que ça lui facilite la vie ? Alors si certains veulent manger sans gluten sans avoir été diagnostiqués malades parce qu’ils se sentent mieux, parce que ça fait maigrir (c’est une certitude : on dégonfle) pourquoi donc cela vous gêne–t’il ? Pourquoi vous insurger ? En quoi cela restreint-il votre liberté ? Quel est votre intérêt ?

Nous sommes profondément attristés de lire dans un livre de bien-être récent : « Ne commencez pas un régime sans gluten sans dépistage : vous ne pourrez plus sortir et avoir une vie sociale ». Mais comme on ne peut ni ne veut dépister tout le monde… Tant pis pour nous, les sans gluten par obligation : DOUBLE PEINE ! Restez chez vous et que rien ne change ! Laissez donc le marché du sans gluten se développer, se démocratiser ! Nous en profiterons. Nous ne sommes ni des victimes ni des chochotes, ni une élite, nous sommes des consommateurs dans le besoin ! De toute façon, nous serons de plus en plus, à ne plus pouvoir manger de gluten, nous sommes en constante augmentation, c’est une malheureuse réalité …

A force cela devient liberticide : les modes ont toujours été l’expression de la liberté. Si elles sont sans gluten, bio, vegan ou autre, il faut les laisser vivre. Elles sont en plus productives d’emploi et de richesse pour la Nation, ainsi que d’économies de santé.

A l’avant-dernier siècle on prônait le vin et l’alcool pour être en bonne santé.

Qui aurait parié sur la nocivité du tabac il y a trente ans et qu’il serait interdit partout maintenant ?

Qui aurait parié sur les méfaits des « trans » ? (acides gras insaturés)

On en reparlera.

Dernière mise à jour le jeudi 21 septembre 2017, par Marie-Christine Millequand