Traumapsy
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Faire reconnaître le traumatisme psychique, aider les personnes qui en sont victimes et former les professionnels de santé à sa compréhension et à sa prise en charge. Association à but non lucratif, sans appartenance philosophique, politique ou religieuse.

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Traumapsy | Savoir | Témoignages | 25 ans. Le temps

25 ans. Le temps de la souffrance suivi de la guérison d’un jeune appelé.

Un témoignage très détaillé des symptômes de stress post traumatiques ayant suivi un sauvetage dramatique puis de la prise en charge, 25 années après, de cet homme arrivé au bord du suicide et finalement guéri. Une belle leçon d’espoir pour tous ceux qui souffrent.


Il y a des années.
Je fais mon service militaire. Je suis auxiliaire sanitaire, soit quelque chose comme aide soignant. J’ai reçu une formation de base deux mois au centre d’instruction du service de santé des armées.
Un dimanche, une arme à feu touche par balle un camarade. Nous sommes réellement isolés loin de tout secours et ès qualité d’ « infirmier » je dois remplir le rôle de samu et d’hôpital de campagne sans expérience, sans matériel et avec une formation succincte à peine supérieure au brevet de secouriste.
Je réalise instantanément la gravité de la situation. Les poils de mes bras se dressent, j’ai la chair de poule, je n’entends plus les camarades qui m’entourent ; je comprends l’anormalité de la situation et que c’est maintenant à mon tour d’agir puisque je suis là pour cela. Je n’hésite pas, je sais ce que je dois faire, j’ai reçu une formation pour cela. Je fais quelques pas en arrière pour chercher la lourde valise en bois contenant la bouteille d’oxygène de secours. Je l’empoigne et repars en courant vers la victime. Mon cerveau ferme une à une ses différentes « cases » : intelligence, perception de l’environnement, émotions, peur pour ne garder ouverte que celle de ma mission l’obligation absolue de sauver mon camarade.
L’état dans lequel je me trouve est difficile à relater. Je sais exactement ce que je dois faire, mais je n’ai aucune expérience, alors j’y vais. L’entourage s’efface, disparaît. J’ai l’impression d’être isolé dans un infini, dans un halo inondé de lumière blanche et aveuglante, seul, je ne vois plus rien ni personne. Je ne réfléchis plus, j’agis.
Le cœur ne bat plus, il faut entamer le massage cardiaque. J’agis mécaniquement. Je transpire, je lutte, mais je reste efficace.
Il faut, je dois le sauver. Je tente de poser une perfusion, je ne trouve pas la veine et je n’y parviens pas. Il faut tout tenter jusqu’à l’arrivée des secours. En attendant, ici, les secours, c’est moi. Les heures passent lentement, le temps dure longtemps.
Le médecin arrive enfin , je m’écarte, il ausculte la victime et déclare immédiatement : décédé. C’est fini. Je m’écarte, je pars en courant décrivant une sorte d’arc de cercle, en hurlant la bouche grande ouverte, un long cri dément qui déchire le ciel. Jusqu’à cette extrémité là, je n’irai plus jamais. Ai je à ce moment repris contact avec la réalité ou l’ai je au contraire perdu ? Je ne sais pas. Un copain me regarde inquiet, je tremble de l’intérieur tout en gardant le corps immobile à l’extérieur. Je suis comme une bête apeurée.
Quelques mois plus tard je suis rentré, à la maison, chez mes parents. Je n’ai rien dit. Pourquoi parler ? Comment dire ce qui pour moi était indicible ? Je souffrais, j’apportais des réponses fausses à mes questions et je pouvais à peine voir ma gueule dans la glace car je me sentais coupable. Si je parlais, je redoutais les commentaires : « C’est terrible » ou « Ce n’est rien », les regards de travers. Je ne voulais pas flancher, ni devant eux, ni devant personne. Je crois surtout que je ne voulais pas leur faire de peine. Chacun a ses limites, la mienne, celle de la parole. Je n’étais pas très bavard avant mon service militaire, je l’étais encore moins à mon retour. Il y a des choses qu’on ne veut pas dire et d’autres qu’on ne peut même pas prononcer parce que les mots ne parviennent pas à sortir de la bouche. Il n’est pas facile d’accepter la mort violente près de soi, de supporter l’échec du sauvetage, les images et les odeurs horribles.
La mort n’est pas une idée simple, elle vient vous rendre visite régulièrement, jour et nuit. Sans fin, tout le temps. Jusqu’à ces jours, près de vingt cinq ans après, la plupart de mes nuits sont faites d’insomnies et de cauchemars, mêlant la mort et des familiers. Je ne suis plus capable de regarder une scène de réanimation, fut-elle de fiction à la télévision (je veux dire que je ferme les yeux ou que je quitte la pièce). Le bruit des pâles d’hélicoptère m’est insupportable. Ce sont les symptômes d’une maladie dont j’apprendrai le nom plus tard.
Les cauchemars sont petit à petit devenus plus fréquents avant de s’installer avec plus de régularité, plusieurs fois par semaine. Le temps de ma maladie se décompte en semestre et en années, il n’y a pas de changement brutal, pas d’à coups, son déroulement s’étend sur vingt-cinq ans. Cette lenteur permet au mal de s’installer doucement et insidieusement. Le plus remarquable est que je m’y habitue, j’arrive à dompter les réveils nocturnes et à installer une routine, toujours la même. Dans un moment de sommeil profond je me réveille en sursaut, je prends alors trente seconde pour respirer, me lève pour boire un verre d’eau qui tout en me désaltérant me nettoiera le cerveau, un petit tour au toilettes et je me recouche sur le dos les mains croisées sur le torse comme un gisant et je me rendors rapidement. L’enfer est dans les détails. Rien n’est très extraordinaire dans ce qui précède mais c’est l’habitude qu’on prend, qu’on s’impose pas instinct de conservation pour garder une vie normale qui est satanique. Ce qui est normalement l’exception, le cauchemar, devient la norme et grâce à un petit protocole formel on s’y plie et s’y habitue.
Les images intrusives sont arrivées après les cauchemars, je ne saurai pas préciser exactement la période et je ne me rends pas immédiatement compte de l’anormalité de la chose. Elles arrivent n’importe quand, mais plus spécifiquement quand la pensée n’est pas accaparée par un sujet de réflexion particulier, que mon esprit peut vagabonder, se laisser porter par la vague et continuer sur son erre. Quelques exemples, la course à pied, les embouteillages, quand je fais la vaisselle (rare, la vaisselle). Si nous dînons avec des amis et que la conversation m’ennuie, mon esprit divague et les images intrusives arrivent. Autant les cauchemars sont gérables autant l’intrusion visuelle ne l’est pas. Il faut un événement extérieur pour que cela cesse. Les visions ne s’arrêtent jamais d’elles mêmes ni parce que je l’ai décidé.
La population qui souffre des mêmes troubles que moi adopte des conduites d’évitement géographique, elles ne peuvent plus fréquenter certains lieux, le bus par exemple si le traumatisme est issu d’un fait s’y étant passé. Des gens peuvent être menés à changer de trottoir sans raison ou être pris de panique à l’approche d’un lieu ressemblant à celui du drame. Rien de tel chez moi. Il n’y a aucune chance que je retourne un jour à cet endroit, je ne fréquente pas de militaires dont l’uniforme pourrait m’inquiéter même si j’en croise parfois dans les gares, et je n’ai aucun contact avec les armes à feu. En revanche je ne peux supporter ni les scènes de meurtre, ni celle de secourisme et encore moins le bruit de l’hélicoptère. J’ai mis en place une stratégie basique et simplissime d’évitement qui consiste devant la télévision à toujours rester vingt centimètres en retrait des autres spectateurs de façon à pouvoir fermer les yeux sans être repéré. Si les paroles ou le son qui accompagnent les images sont insupportables, je quitte la pièce proposant un café ou prétextant une pause pipi. Lors de films ou de reportages très violents certains ont du s’interroger sur le fonctionnement de ma prostate.
Très étonnante est l’impossibilité d’en parler. J’ai essayé plusieurs fois ; plus exactement j’ai prétendu vouloir essayer, avant d’en abandonner rapidement l’idée. Avec mes parents par exemple, si je dois aller dîner chez eux, je me prépare à leur raconter, à tout déballer dans le genre : « il faut que je vous raconte quelque chose ... » et en me mettant à table (!) j’y renonce persuadé qu’ils ne comprendront pas et je trouve facilement mille raisons qui me convainquent de rester silencieux. Avec eux comme avec n’importe qui d’autre j’ai peur d’être ridicule, j’ai peur de ne pas trouver les mots, j’ai peur d’être incompris, j’ai peur tout court. Sur ce sujet j’ai peur de tout. La vérité est que je ne veux rien dire. Les très rarissimes fois où j’accepte d’aborder le sujet avec ma femme, vingt ans de mariage dont vingt d’amour, même avec elle j’ai une monté d’émotion invraisemblable, la chair de poule et la bouche sèche, je suis comme transporté sur place, les mots ne parviennent pas à sortir de mon gosier. Pas une expression toute faite, ils ne sortent physiquement pas. Malgré ses sollicitations nous n’en avons parlé que quelques rares fois en vingt ans et encore de façon extrêmement succincte en raison de mon mutisme. Les années passant n’arrangent assurément pas le problème. Vingt ans et toujours cette incapacité totale à en parler, c’est inquiétant.
Depuis peu de temps est arrivée la perte de confiance en moi, dernière station avant la fin quand tout semble dérisoire et vain, engendrant la montée des idées morbides voire pré-suicidaires. Pas les idées noires du dépressif vrai qui veut ou à besoin d’en finir mais la sensation neutre de se tenir au bord du gouffre et de se dire « pourquoi pas » ?
Au cours de l’année il y a des hauts et des bas. La maladie fonctionne comme une courbe sinusoïdale, une onde dont la fréquence entre deux points haut ou points bas est d’environ trois mois. Au points hauts je fais des cauchemars entre trois et cinq fois par semaine, je suis énervé, peu intéressé par le quotidien, énervé contre tout. Le point bas correspond à une période plus propice à la projection dans le futur, les cauchemars tombent à un ou deux par semaine, c’est la détente. Le passage entre les deux se fait de façon invisible, un beau jour je me dis : « Tiens tout va bien ». Ce rythme entretient la maladie car à une période difficile succède toujours une période de mieux qui me fait penser : « Tu vois, t’as raison de tenir bon la barre dans le gros temps puisque ça va mieux après ». En revanche je ne me dis jamais que ça ira plus mal après une période de calme. Après la pluie le beau temps mais jamais après le beau temps la pluie. Un sorte de pensée magique m’amène à penser que j’irai mieux demain mais jamais l’inverse. Du coup je suis dur au mal et bienveillant envers moi même quand tout va bien. En revanche les images intrusives adoptent un rythme d’apparition constant indépendant du cycle trimestriel. Elles sont toujours là, plusieurs fois par jour.
L’onde décrite plus haut ne situe pas sur un plan horizontal, elle est posée sur une courbe exponentielle. Pendant vingt cinq ans, bien que s’élevant légèrement elle semble horizontale pour moi qui me promène dessus et puis un beau (?) jour elle s’élève brusquement vers le ciel. Pendant toutes ces années j’ai été poussé vers un mur tellement lointain que j’étais convaincu que ma vie s’achèverait naturellement avant que le mur ne me rattrape. Pas de problème, j’ai de l’avance, je l’aurai à la course. Mais je n’avais pas prévu l’accélération subite du temps et sa montée en flèche. Tellement subite que me suis retrouvé, sans m’en rendre compte, acculé dans un coin de mur face à une meute de loups hurlants, la bave aux babines prêts à me croquer. Ce jour là, j’ai pris mon courage à deux mains et j’ai bien difficilement expliqué à ma femme où j’en étais. Il n’y avait plus que deux choix possibles : ne rien faire et vu la soudaine et imprévue montée de la vitesse d’écoulement du sablier je crains qu’avant peu je ne me sois rendu à la meute ou à la pile d’un pont. L’autre choix était de se prendre en main et de s’avouer vaincu. Vaincu oui. Paradoxalement le début de la victoire sur la maladie commence par l’acceptation d’une défaite. S’avouer que le repli sur soi et l’idée de tenir ad vitam aeternam mon secret dans mon bunker mental étaient des idées fausses. Tear down the Wall, il faut se rendre et après avoir, tenace, tenu coute que coute, entêté tellement longtemps, mettre un genou à terre et renoncer à vingt cinq ans de lutte est une décision de même nature que celle que j’ai pris le jour où j’ai décidé de la fermer pour toujours. Il fallait une aide extérieure puis courage et volonté. Une main était tendue depuis le haut du mur pour me secourir, il ne me restait qu’à la voir et à lancer la mienne à sa rencontre pour qu’elle me hisse hors de portée de la meute hurlante.
Le temps n’a aucune utilité, il ne sert à rien, il est comme rien, il n’aide pas, n’oublie pas. Ce n’est pas le temps de l’espoir ou du désespoir mais le temps suspendu, qui se réveille et s’accélère à la guise du cerveau, en cette matière devenu autonome. Le cortex a cette étonnante faculté de décider seul de se souvenir en solitaire. Dans mon psychisme malade, déconnecté (ou sur-connecté) des émotions et des sentiments, comme une machine autonome, la cervelle refuse l’oubli ou l’intégration du souvenir dans le fil du temps. Désynchronisé, le temps psychique erre en solitaire. Devenu le maître il est parfaitement vain et inutile d’attendre clémence ou pitié de sa part. Il n’est pas magnanime et ne s’accordera pas au battement régulier du pendule. L’oubli est son ennemi et il ne l’autorisera pas à s’imposer.

Nous sommes au mois de Novembre 2010 et ma situation ne fait qu’empirer : cauchemars, reviviscence, perte de confiance, incapacité à me projeter, idées morbides, ceci est nouveau et très inquiétant. Sans avoir directement d’idées suicidaires, je me dis que je serai plus utile mort que vivant.
A quoi sert tout ce cirque ? Quel sens cela a-t-il ? Pourquoi se battre, si la lumière s’éteignait je dormirais enfin. Un accident de voiture et tout sera réglé. La pile d’un pont en béton ferait bien l’affaire. Le pire est que je n’exagère pas, j’ai vraiment ces pensées là. Il faut me soigner et vite mais je n’y arriverai pas seul et avec le soutien de ma femme je prends la décision de voir un psychiatre spécialisé dans ma pathologie.
Je vois dans la page Télé du quotidien La Provence sous le titre « Enquête sur ce hommes que la guerre a brisé » la recension du reportage et du livre « Sans blessures apparentes » du grand reporter de guerre, Jean-Paul Mari, qui raconte les blessures psychiques consécutives à l’exposition au réel de la mort violente dont souffrent nombre de militaires, d’humanitaires, de journalistes et je réalise que mon cas n’est pas isolé, on peut se soigner et on peut guérir paraît il. Un reportage filmé tiré de ce livre me bouleverse. Dans l’impossibilité de l’acheter, il n’est pas à vendre, je le vole sur le site Daily Motion. Je le regarde seul un soir dans une chambre d’hôtel à Toulouse en sanglotant, effondré ; ça ne va pas fort du tout. Pas du tout.
Le site Trauma Psy lié au livre « Sans blessures apparentes » donne quelques adresses dont celle d’un organisme lié à l’Assistance publique. Quel beau nom, quand on y pense, que « L’assistance Publique ». Je prends rendez – vous le vingt neuf novembre à onze heures pour une consultation au pôle psychiatrique de l’hôpital de la Conception. L’Hôpital psychiatrique ! Il s’agit pour moi d’une transgression colossale. Voilà bien un endroit où je ne pensais pas me rendre un jour comme patient. Tant qu’on n’est pas confronté personnellement à un problème insoluble, qui vous hante, vous mange, vous englobe et finit par vous cuire, vous considérez que ce type d’établissement est fait pour les autres, les schizophrènes, les paranoïaques, les dépressifs, les maniaques, les pervers et autres malheureux. Ce n’est pas que ce soit mal vu, mais les problèmes, chez la plupart des hommes on n’en parle pas. Prolo ou bourgeois c’est le même tarif, on la ferme. Maintenant je suis le frère de ces gars là et méfiance, je crois que si on ose ouvrir les yeux on voit qu’il n’y a pas loin du capitole à la roche tarpéienne. Pout être honnête, ce lieu était pour moi, un endroit pour les autres. Un no man’s land inconnu pour esprits moulus. Me voici donc devant la porte de l’immeuble qui abrite le pôle psychiatrique et comme un clebs qui garde son portail, je passe et repasse plusieurs fois devant l’entrée en hésitant, mais finalement je pousse la porte et c’est la bonne. Celle de la Cellule d’Urgence Médico – Psychologique (CUMP) qui s’occupe précisément des cas similaires au mien. Les fameuses cellules psychologiques d’urgence. Des gens de bien.
Contrairement à toutes mes idées reçues, l’hôpital est moderne, propre, lumineux. Toutes les portes sont ouvertes, le personnel qui passe dans un couloir vous salue avec le sourire. En un mot l’endroit est accueillant. La France est un pays de cocagne où sur un coup de téléphone, on vous reçoit, on vous soigne, on ne vous demande pas d’argent, ni de comptes. Ca existe où ?

Me voici face à un jeune psychiatre, empathique à qui je donne ma confiance.
-  « Putain, je suis dans un hôpital psychiatrique en train de parler à un psychiatre. »
Moment totalement hallucinant et inattendu.
Je lui raconte mon histoire, il pose des questions, l’entretien dure une heure. Je le verrai trois fois en tout. Quand il me demande qui m’adresse à son service je lui réponds que je m’adresse moi même, il relève alors la tête, remet ses lunettes et me regarde se demandant quelle est la bête curieuse qui se trouve face à lui. Le plus souvent il reçoit des patients envoyés ici par leur famille ou leur médecin de famille. Le diagnostic est assez vite posé. Après ces séances il me demande si j’ai déjà entendu parler de PTSD, « Post Traumatic Stress Disorder », en français « Syndrome post traumatique ». Lors du rendez vous suivant, on précise des détails et sur sa proposition, nous convenons de la thérapie à suivre : « Thérapie cognitive comportementale » que je devrai suivre avec la psychologue du service et debriefing à suivre avec le psychiatre. Le gars est bien, il demande mon assentiment pour transmettre les infos à sa collègue. Cela me surprend, mais c’est bien. Le courant passe et c’est important pour moi.
La jeune psychologue du service me prend en charge et à raison d’une séance par semaine basé sur la parole, l’écrit, la sophrologie, des devoirs à faire à la maison que je fais consciencieusement je suis au bout de 4 mois pratiquement tiré d’affaire : plus de cauchemars, plus de visions intrusives.
Voilà où j’en suis, des progrès immenses ont été accomplis et je suis dans de bonnes mains et dans la bonne direction. Avant l’été ce traumatisme aura été réintégré, c’en est l’objectif, dans le fil des souvenirs, mauvais certes, mais non plus comme une angoisse externe à ma conscience et qui vient m’attaquer à son gré et à son heure.
Reste à en parler. A mes enfants, grands maintenant, aux amis, à la famille. Pas toujours facile, mais ce qui était hier une impossibilité totale devient faisable.
Rien n’est définitif mais la majeure partie du trajet, c’est certain, a été accomplie. Sentiment joyeux de libération. Ni euphorie exaltée qui pourrait précéder la rechute, ni certitude d’être sorti d’affaire pour toujours mais impression que les nuages noirs ont quitté le ciel, que les fenêtres ont été ouvertes et qu’un vent frais rend l’air de la pièce plus respirable. Presque vingt cinq ans de blocage, maladie, prison mentale, appelons ça comme on veut, qui est, petit à petit, en train de s’éloigner et bientôt de rendre l’âme. Ca fait du bien. Je l’avoue, je suis fier d’avoir décidé d’entreprendre cette démarche, d’avoir eu le courage d’effectivement la commencer, d’avoir persévéré et d’avoir atteint un seuil que je n’ose pas encore qualifier de guérison.
Début avril, temps estival, je retourne à la CUMP, rendez – vous à 16.30 heures, 16.45 je quitte le bureau : « Monsieur je ne peux plus rien pour vous, vous êtes tiré d’affaire » J’ose : « Il n’y a pas de risque de récidive ? » Réponse claire et limpide : « Rarissime, mais si vous vous sentez moins bien vous pouvez appeler quand vous voulez, voici le numéro de téléphone du service ». Voilà c’est fini.
Je m’en doutais mais avec le cachet de la faculté c’est encore mieux, l’estampille en donne la preuve. Un sentiment d’infini m’envahit tout entier. Ce doit être ce qu’on appelle la plénitude.

Un an a passé et nous sommes en juillet 2012, j’envoie ce témoignage et au cours de l’année écoulée aucun cauchemar, plus de vision. Guéri. Reste un mauvais souvenir et une vie plus légère, plus facile, plus douce.

Dernière mise à jour le vendredi 13 juillet 2012, par Marie-Christine Millequand